Robert SILVERBERG
retour à la page d'accueil retour à la page sf

Le chemin de la nuit   

Un très gros recueil de nouvelles, de ce si prolifique auteur, avec de tout, du bon et du moins bon, chaque nouvelle étant fort différente de la suivante, en un mot, toutes les facettes de son inépuisable imagination et de son grand talent de conteur. Chaque nouvelle est précédée d'une explication quant à son histoire et à sa genèse dans la carrière d'écrivain de Silverberg, et là, le personnage y apparaît comme très infatué de lui-même, auto-satisfait de son talent et de sa production (capable d'écrire plusieurs nouvelles par semaine, en plus de romans de vulgarisation scientifique, et autres..), ce qui est un peu désagréable, et totalement inutile, son oeuvre n'ayant pas besoin de cette vanité étalée pour être appréciée, tant elle est variée et riche.

Haut


Les déportés du Cambrien    (Livre de Poche)

Idée aussi originale que diabolique : envoyer des dissidents politiques quelques millénaires en avant, à l'aide d'une machine à voyager dans le temps. Vivre sur une Terre bien peu hospitalière, sans espèce animale autre que quelques trilobites, vivre sans le moindre espoir de retour... L'histoire est séduisante, les caractères bien observés, par contre, les retours en arrière, là pour expliquer pourquoi les héros en sont arrivés là, sont moins intéressants, toute cette cuisine politique et militante est un peu lassante. En fait, on aurait préféré un peu plus de présent (même s'il se déroule dans le passé de la planète) et un peu moins de passé !

Haut


Jusqu'aux portes de la vie    (Ailleurs et Demain)

Plagiat, parodie ou hommage ? A la première page de ce livre, on se croirait au début du "Monde du Fleuve" de Farmer tant l'idée de base est la même (tous les morts, de tous les siècles, se retrouvant dans un lieu sans limite, avec leurs caractéristiques temporelles, et leurs travers aussi). Et puis, on se laisse entraîner dans un tourbillon où tout est sens dessus dessous : Picasso discute avec Gilgamesh, lequel a croisé Mao Tse Toung, tandis que la reine Elisabeth (la première, l'autre est encore dans notre monde actuel) arme une expédition pour trouver la sortie, avec Sir Raleigh comme commandant, ce dernier étant escorté d'Hélène de Troie, etc... Gilgamesh est tout de même le heros et le fil rouge de cette histoire rocambolesque (pas plus que les Dieux du Fleuve, d'ailleurs), exactement comme si Silverberg avait voulu récupérer la documentation utilisée pour son (excellent au demeurant) roman biographique "Gilgamesh roi d'Ourouk", pour l'insérer dans un décors pré-existant ! Déroutant, par la ressemblance avec quelque chose de déjà lu, mais très plaisant et souvent bien amusant.

Haut


Tom O'Bedlam    (J'ai Lu)

Etrange roman, variations sur la folie, sur l'aliénation collective, sur les influences psychiques... Dans une Amérique post apocalyptique, plusieurs personnes, fort loin les unes des autres, tant dans leur statut social que dans leurs moeurs, font des rêves identiques et troublants, de planètes lointaines habitées par des entités mystérieuses et accueillantes. S'agit-il d'un appel d'une civilisation extra-terrestre ? Ou d'élucubrations fumeuses d'esprits malades ? Le sait-on vraiment à la fin de l'ouvrage, quand la déroute de la raison, individuelle et collective se termine en un invraisemblable chaos ? La raison doit-elle être satisfaite par la fin énigmatique, ou l'imagination déçue ? Beaucoup de questions soulevées par cette oeuvre originale, qui, si elle n'est sans doute pas une des meilleures de l'auteur, ne peut en aucun cas laisser indifférent.

Haut


L'homme dans le labyrinthe    (J'ai Lu)

Ce n'est pas le meilleur Silverberg, et de loin, mais cet auteur a tellement de talent qu'il est capable de rendre passionnante une histoire qui, traitée par un autre, n'aurait pas eu grand intérêt. Ce labyrinthe ressemble furieusement à un jeu vidéo, avec pièges, dangers en tous genres, et autre chausse-trappe, on ne comprend pas totalement les motivations du héros principal, rien n'est bien plausible, et il n'y a pas réellement d'intrigue. Et, avec tous ces défauts, ce livre est agréable, se lit facilement, et laisse une plaisante impression !

Haut


Le grand silence    (Flammarion)

Décevant ce roman de Silverberg qui sait produire bien meilleur ! Il s'agit d'une vaste saga familiale, du style "Gens de Mogador", où l'on suit le destin d'un groupe d'individus apparentés sur plusieurs générations, le tout à la sauce science-fiction. Mais, l'ingrédient saga prédomine si largement que le piment SF est relégué au second plan. Tout est vu au travers de l'oeil humain, et plus précisément par rapport à la famille Carmichael, l'on ne sait pas grand chose sur les Entités, qui restent tout au long de l'ouvrage dans un flou aussi flou que le sont leurs motivations. Les dernières pages sont plus intéressantes, bien que l'intrusion dans l'ordinateur central par le petit génie de l'informatique de la famille soit plus proche du film "Tron" que de la vraisemblance, mais ça ne manque pas d'une certaine imagination, et d'un certain brio. Les toutes dernières pages, moralisatrices et teintées d'angélisme n'auraient pas du être écrites, mais sans doute Silverberg devait lui aussi avoir hâte d'en avoir terminé !

Haut


Les masques du temps    (Livre de poche)

Une histoire amusante, d'être venu du futur, qui sème la pagaille dans la société décadente du passage à l'an 2000. On y trouve d'extraordinaires descriptions d'orgies dignes du Satyricon, et une satire assez féroce d'une poignée de savants émérites, dont les hautes fonctions scientifiques cachent une humanité bien dérisoire. L'ennui, c'est que l'auteur ne semble jamais cerner son héros du futur complètement ; il donne l'impression de le découvrir au fil des pages, et de ne pas réussir à lui donner cohérence et profondeur. D'ailleurs, et c'est le plus gros reproche que l'on peut faire à cet ouvrage, pas désagréable par ailleurs, c'est qu'à la fin, on reste cruellement sur sa faim... Silverberg a achevé son roman, sans en donner la clé, et c'est rudement frustrant ! Mais, cette clé, la connaissait-il lui même ?

Haut


L'homme stochastique    (J'ai Lu)

Un livre exceptionnel, d'un auteur dont le talent a tant de facettes que l'on reste confondu par une telle variété d'inspiration et une telle réussite dans chaque genre (entre les Monades Urbaines et le Cycle de Majipoor, il y a plusieurs univers de différences !). Voilà donc une œuvre qui se situe entre la philosophie et la SF, qui semble, au premier abord, une histoire ordinaire dans un lieu ordinaire (aux Etats-Unis en l'an 2000 lors de la campagne présidentielle), mais qui ne l'est pas du tout. S'agit-il d'une étude psychologique sur une faculté mentale humaine ignorée de celui qui la possède ? Ou d'une méditation sur les effets pervers de la connaissance du futur ? Ou d'une réflexion sur le libre arbitre, la liberté de l'esprit humain ou au contraire son assujettissement à une prédestination qu'il ne peut que subir ? Tout à la fois, et plus encore... Un grand, un très grand bouquin, sobre et efficace, qui interpelle et remue, à lire impérativement.

Haut


Pavane au fil du temps    (J'ai Lu)

Excellente, cette collection de nouvelles, si bien écrites, si bien construites. Deux d'entre elles, "Dans les crocs de l'entropie" et "Une aiguille dans la marche du temps" sont d'éblouissantes variations sur le thème du voyage temporel, dans lesquelles l'auteur parvient à maîtriser des histoires très compliquées, qu'il manipule comme des puzzles, et à entraîner le lecteur dans un tourbillon de trouvailles qui laissent pantois. La dernière, qui donne son titre au recueil est pleine de poésie et de réalisme tout à la fois, c'est remarquable de talent et d'efficacité.

Haut


Les monades urbaines    (Ailleurs et Demain)

Ce livre décrit, sans effets spectaculaires toutefois, un futur terrifiant, d'autant plus angoissant qu'il est tout à fait plausible. C'est sobre, simple, parfaitement démoralisant, et remarquablement imaginé et écrit. Il n'y a ni robots, ni technologie exceptionnelle, ni êtres imaginaire, les héros sont ordinaires, c'est nous... notre humanité, notre éventuel avenir... Comme l'on comprend la réaction de l'un des protagonistes à la dernière page. A lire, si l'on a un fond optimiste, à éviter si on a des tendances suicidaires!

Haut


Le nez de Cléopâtre    (Collec. Présences)

Ces nouvelles sont étranges. La plupart se déroulent dans un lieu parfaitement connu, à une époque historique dont les détails ressemblent à ce que nous en savons, avec des personnages parfaitement adaptés à leur contexte. Mais, au bout de quelques pages, rien ne va plus, ce n'est pas l'Histoire que l'on a apprise, ce n'est pas la Géographie que l'on connaît, tout est pourtant parfaitement cohérent, mais il y a quelque chose qui cloche... quoi ? L'Histoire a dérapé, un incident l'a fait dévier de la trajectoire connue, et rien ne va plus. Où sommes nous ? Qui sont ces Romains qui ne ressemblent pas à ceux de nos livres ? Qui sont ces Africains maîtres du monde ? Dans quel univers parallèle sommes nous arrivés ? A découvrir, parce que c'est curieux. Un penchant pour la dernière nouvelle "basileus", qui est fort originale.

Haut


Le temps des changements    (Livre de poche)

Un petit livre dense, fort, profond. Pas du tout spectaculaire, mais original et curieux. Une sorte de quête philosophique dans un lieu inconnu et hors du temps. Un peu utopiste, sans doute, quelques relents de "Peace and Love", un peu dangereux aussi. Agréable et grave tout à la fois.

Haut


Trips    (Calman Levy)

Une série de nouvelles, fort bien écrites, pleines de trouvailles et d'idées géniales. Hélas, on a l'impression que l'auteur n'en fait pas bon usage, et les chutes n'en sont pas. C'est dommage, on espérait mieux, ces récits sont frustrants par leurs conclusions hâtives et baclées, qui laissent le lecteur sur sa faim, alors qu'il y avait tant de choses à développer.

Haut


Ciel brûlant de minuit    (Ailleurs et Demain)

Voilà une histoire et une intrigue rondement menées ! D'un bout à l'autre de ce livre, on reste pris par l'atmosphère (les descriptions de San Francisco sont saisissantes) et par le déroulement de cette aventure. Mais est-ce de la Science-fiction ? ... si peu... même s'il y est fait appel à des technologies non encore utilisées (mais déjà largement entrevues); on aurait pu, sans changer beaucoup de paramètres, imaginer que cette histoire se déroule maintenant, ou dans bien peu d'années. La vision écologique de l'auteur est désespérante et d'un pessimisme aussi noir que sa vision des femmes qui ne sauraient être que sottes, obsédées et/ou "emmerdeuses". A lire, particulièrement pour la construction du livre, et la qualité de son dénouement.

Haut


La porte des mondes    (Pocket)

Un grand classique du genre uchronie dont le point de divergence se situe pendant la grande épidémie de peste de 1345-1348 : la peste ayant décimée les trois quarts de l'Europe occidentale, celle-ci se retrouve sous domination turque moins d'un siècle plus tard. Ainsi, la " découverte " du nouveau monde n'a eue lieu qu'à la fin du XVIème siècle, permettant aux empires Aztèques et Incas de se développer suffisamment pour devenir des puissances mondiales. A partir de là, Robert Silverberg raconte le parcours initiatique d'un jeune anglais parti chercher fortune au nouveau monde. Mis à part quelques très intéressantes réflexions sur le destin des civilisations, l'auteur ne sait pas tirer pleinement partie de l'uchronie, le récit se cantonnant à un roman d'aventure, certes bien écrit et jamais ennuyeux (c'est tout de même écrit par l'auteur du cycle de Majipoor !), mais tout cela reste malgré tout en dessus de Pavane de Keith Roberts, une des références du genre. En fait, Robert Silverberg est beaucoup plus à son aise dans les nouvelles traitant d'uchronie, comme celles du recueil Trips ou du recueil Le Nez de Cléopâtre, dont la nouvelle Tombouctou à l'heure du lion se situe dans le même univers que la Porte des Mondes.(A) Une uchronie parfaitement cohérente et réussie pour ce petit livre qui se lit comme un roman d'aventure. Bien sûr, on aurait peut-être aimé un peu plus de développement sur l'idée même de "porte des mondes", mais une digression philosophique aurait alourdi l'histoire sans rien y apporter de plus. Il faut se contenter de savourer les reflexions des héros sur "ce qui se serait passé si..." à la lumière de l'Histoire telle que nous la connaissons, et ce n'est déjà pas un mince plaisir. (H)

Haut


Les éléphants d'Hannibal    (Présence du Futur - Denoel)

Excellent, ce recueil de nouvelles, très différentes, tant dans l'inspiration que dans la façon de traiter les sujets : un humour irrésistible dans " les éléphants d'Hannibal ", de l'angoisse dans " hardware ", de l'imagination débridée dans " la route de Spectre City ". Toutes ont leur intérêt, et la qualité de faiblit pas, jusqu'à la parodie, fort réussie, de Wells et Bradbury réunis dans " les carnets d'Henri James ". Un grand auteur, décidément, capable aussi bien de ciseler des nouvelles parfaites, que d'écrire des romans inoubliables !

Haut


A la fin de l'hiver    (Ailleurs et Demain)

Un peu décevant, ce livre. Certes, l'idée de base n'est pas mauvaise, et les décors beaux, riches, et plutôt originaux. Mais il y a beaucoup de longueurs, l'action est lente et s'étire, on a du mal à conserver de l'intérêt pour cette histoire. On a l'impression que l'auteur a rassemblé des trouvailles personnelles déjà utilisées dans d'autres de ses oeuvres et des concepts glanés ailleurs, le tout formant un ouvrage tout de même agréable à lire, mais qui manque de force et de "magie".

Haut


Majipoor - Le château de Lord Valentin    (Ailleurs et Demain)

Superbe... Ce n'est pas seulement un roman, c'est une oeuvre d'art. La longue et périlleuse quête de Valentin se déroule dans un monde sans cesse renouvelé, qui ne ressemblé à rien de ce qu'un oeil humain actuel ou passé a pu voir, tant dans sa géographie que dans sa botanique. Et que dire de toutes ces races disparâtes physiquement aussi peu humaines que possible, qui cohabitent sur cette planète ! Tout est imagination et tout est découverte, espèces étranges, animaux fabuleux, personnages extraordinaires. Les descriptions sont aussi passionnantes à lire que l'action qui s'y déroule. C'est bien une fresque somptueuse qui laisse le lecteur hors du temps. Sans doute pourrait-on reprocher aux évènements d'être un peu conventionnels dans leur enchaînement (du genre "ils s'en sortent toujours") mais il n'empêche que l'on n'a de cesse de savoir ce qui va se passer ensuite, pris au charme de ce récit qui a quelque chose d'enchanteur, de magique, d'inhabituel, associant une action soutenue à des décors exceptionnels. Sans oublier une chute inattendue et fort réussie.

Haut


Majipoor - Chroniques de Majipoor    (Ailleurs et Demain)

Ces chroniques sont au " Château de Lord Valentin " ce que le " Silmarillion " est au " Seigneur des Anneaux ", à savoir des récits courts, traitant de personnages ou d'événements passés, complétant ou éclairant la saga narrée dans le premier volume. Si le fil conducteur, la liaison entre les différentes histoires, semble un peu factice au début, la fin lui redonne une certaine véracité et permet une ouverture sur d'autres histoires, futures. On retrouve tout au long de cet ouvrage, la poésie, le charme, les extraordinaires décors qui faisaient l'enchantement du premier volume et on a toujours autant de plaisir à retrouver la gigantesque planète de Majipoor, ses étranges races, sa géographie si précisément décrite et sa séduisante harmonie. Des contes passionnants, des personnages vivants, vrais, attachants, tout un monde dans et avec lequel on vit pleinement, le temps d'une lecture aussi captivante que subtile et dépaysante.

Haut


Majipoor - Valentin de Majipoor    (Ailleurs et Demain)

Est-ce que la magie et l'enchantement s'émoussent au fur et à mesure des volumes de cette saga ? Ou est-ce que cette fois-ci, l'histoire n'est pas aussi captivante que dans les précédents récits ? Quoi qu'il en soit, il semblerait que ce tome soit moins bons que les précédents, même s'il est vrai que l'on devient difficile, et que l'on a du mal à admettre quelques faiblesses de la part de l'auteur. L'histoire commence de façon dramatique, voire franchement désagréable : on déteste voir abîmer cette planète à laquelle on commençait à s'attacher sérieusement, ensuite, les situations sont quelque peu stéréotypées : les méchants sont vraiment méchants, et destructeurs, on y parle en vrac d'écologie, de manipulations génétiques, on y empile des " bons sentiments ", de la non violence, et des idées sans nuances. Quant aux personnages, peu ou prou les mêmes que dans les tomes précédents, ils manquent d'envergure : Carabella semble sortie d'un feuilleton américain, et Valentin, dont on suivait avec passion les aventures dans le premier tome, devient falot et indécis. La fin n'est pas excellente non plus : dans les dernières pages, l'auteur, sans doute à cours d'inspiration, fait appel à une magie douteuse pour en finir, en dix pages, avec le conflit, au bénéfice des bons, bien sûr, qui viennent si vite à bout du " méchant ", qu'on se demande pourquoi ils ne l'ont pas fait plus tôt ! Et pourtant... malgré toutes ces critiques, c'est encore bien, et si agréable à lire ! A tel point qu'on a du mal à quitter une fois de plus Majipoor, sa faune, sa flore et ses incroyables habitants, et que l'on se prend à espérer que la fois suivante, Silverberg fera encore rêver avec cet univers si attachant... avec la meme veine poétique et narrative que dans le premier volume.

Haut