Ursula LE GUIN
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Quatre chemins de pardon    (Atalante)

Cet ouvrage n'est pas un roman, mais pas non plus une série de nouvelles, toutefois, il y a une unité de lieu, qui sert de fil rouge aux différents chapitres, avec des personnages différents. Il s'agit plus là d'une méditation sociologique, ethnologique, faisant partie du Cycle de l'Ekumen, dans laquelle l'auteur expose des situations et des thèses philosophiques intéressantes et profondes. Mais ça reste quand même fort agréable à lire, c'est bien écrit (traduit), les héros sont minutieusement étudiés, les lieux précisément décrits. On a grand plaisir à observer la vie et l'histoire sur ces mondes là.

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L'anniversaire du monde    (Ailleurs et demain)

Un épais recueil de nouvelles, toutes différentes, mais toutes plus psychologiques et sociologiques que spectaculaires. Même si les actions se passent sur des planètes lointaines, l'important est moins l'action, justement, que l'étude des protagonistes et de leurs rapports. On y trouve par exemple d'assez longues et fort intéressantes études sur divers régimes matrimoniaux. L'ensemble est fort dépaysant, très agréable à lire, très poétique aussi. La dernière, la plus longue, intitulée Paradis Perdus, est certainement le point d'orgue de ce recueil. Certes, le sujet n'est pas nouveau (le voyage de la terre vers une autre planète, dans un vaisseau-monde où les générations se succèdent), mais il est ici remarquablement bien traité, avec précision et pudeur, avec des études approfondies des personnages, de leurs actions, de leurs croyances, un véritable chef d'oeuvre qui aurait pu être un roman complet. Tout ceci donne vraiment envie de relire ce grand auteur.

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Terremer    (Seghers)

Quel beau livre ! Et comme c'est agréable de se plonger dans ce monde intemporel, fait d'îles et de mers, de montagnes et de villages, de villes mythiques et de monastères isolés, peuplé de magiciens, de fermiers, de marins, de prêtresses et de magnifiques dragons. Une lecture passionnante tout autant que dépaysante et rafraîchissante. Un ouvrage remarquable en tous points : la psychologie des personnages, les descriptions superbes, le style d'écriture, et la magie omniprésente qui fait rêver... Si proche de l'univers du " Seigneur des Anneaux ", mais avec sa personnalité, son originalité ; du merveilleux sans mièvrerie, de la poésie à toutes les lignes, de l'action aussi, un véritable enchantement, que l'on achève, tristement, parce que l'histoire est finie, et que l'on regrette de ne pas pouvoir continuer à suivre les aventures de Ged, et de chevaucher comme lui sur le dos d'un dragon gigantesque et bienveillant.

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Tehanu    (Ailleurs et demain)

Après Terremer, cet ouvrage conte la suite de l'épopée de Ged, et de celle qui fut prêtresse des Tombeaux d'Atuan. Les deux premiers tiers du livre sont réellement le prolongement du volume précédent, on y retrouve le même plaisir de lecture, la même poésie. Mais, ensuite, comme si l'auteur, à l'instar de son héros, avait perdu ses talents de magicienne, on tombe dans la mièvrerie, la facilité. Une histoire d'amour surgit, là où elle ne s'imposait pas, ôtant aux protagonistes tout ce qui faisait leur mystère et leur intemporalité, les méchants deviennent alors trop méchants, les bons à la limite de la stupidité, et c'est dommage. Si l'on a aimé Terremer, il ne faut pas lire cette suite, qui est loin de procurer le même enchantement.

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Les dépossédés    (Ailleurs et demain)

Ce livre est avant tout une étude politique et sociale dans lequel deux types de société se confrontent : une sorte de guerre froide entre deux blocs (deux planètes voisines, ici) opposant une sorte de communisme, plus proche d'un phalanstère que de Staline, à un libéralisme séduisant et tout aussi hypocrite que l'adversaire. Au travers des tribulations d'un physicien, l'auteur décrit les motivations, les buts et les idéaux de ces deux mondes si différents, sans toutefois prendre parti, ni caricaturer l'un ou l'autre à la lumière de l'histoire terrestre des cinquante dernières années. Pas de magie, ni de rêve ; plutôt une fiction sociale qui n'avait guère besoin d'avoir pour décors deux planètes fictives, tant elle aurait pu garder la Terre comme support. Seuls les vaisseaux spatiaux tentent de nous faire croire que l'histoire se situe dans le futur (et encore sont-ils encore fort discrets). Un ouvrage parfois ennuyeux, à la dialectique souvent lourde et peu convainquante, trop proche du quotidien politique pour être une oeuvre de fiction, trop terre à terre pour parvenir à faire rêver. Les minutieuses descriptions des deux mondes sont toutefois remarquables, ainsi que les réflexions sur l'utilité d'une certaine forme de recherche fondamentale : elles auraient mérité une histoire plus ambitieuse.

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La main gauche de la nuit    (Ailleurs et demain)

Envoûtant ce roman écrit à deux voix, dans lequel on ressent à chaque ligne le froid de l'implacable hiver dans lequel il se déroule. La physiologie si particulière (à nos yeux de terriens) des habitants est étonnante, et contribue au charme dépaysant et au mystère que l'on ressent en lisant ce livre. La longue marche des deux héros luttant contre l'hostilité glacée qui les entoure rappelle quelque part l'hiver d'"Helliconia". Pour cette atmosphère si bien décrite, pour l'histoire, sobre et concise, cet ouvrage est particulièrement agréable à lire.

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Le nom du monde est forêt    (Ailleurs et demain)

Un peu plus long qu'une nouvelle, un peu plus court qu'un roman, c'est une jolie histoire, idéaliste et morale, pleine de bons sentiments et d'idées généreuses. Il y a les méchants d'un côté, militaires et bornés (pléonasme ?), les autochtones (dont on a bien du mal à admettre qu'ils soient humains) et cette forêt dont on sent si bien l'atmosphère humide et l'odeur d'humus. C'est une histoire simple, qui se finit bien, un peu courte et simpliste aussi, mais c'était là sans doute le parti pris de l'auteur, dont le but n'était pas de faire une longue saga sur les rapports Terriens/Créates. Si l'on reste un peu sur sa faim (160 pages, c'est vite passé), on en ressort avec une impression agréable, d'eau et de nature vierge, que l'auteur a su si bien rendre, et faire aimer.

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