Valerio EVANGELISTI
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Le mystère de l'inquisiteur Eymerich    (Rivages Fantasy)

Dans la série de la vie et des actions du Père Nicolas Eymerich, voilà de nouveau une sombre histoire, ou plutôt trois histoires parallèles qui se rejoignent, chacune se déroulant à une époque différente, et convergeant avec un toujours surprenant télescopage de temps et de lieux. Et c'est toujours remarquablement efficace ! Mais, au fur et à mesure, ces différents ouvrages sont de plus en plus noirs, à tel point que l'horreur l'emporte souvent sur les finesses de l'intrigue, et certaines descriptions sont proprement atroces. Toutefois, le grand talent de l'auteur fait tout passer, et on reste toujours pantois devant un tel entrelacs d'évènements qui semblent tous parfaitement indépendants les uns des autres, et qui ne le sont pourtant pas...

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Métal hurlant    (Rivages Fantasy)

Ce recueil de quatre nouvelles suivi d'une biographie imaginaire de Nicolas Eymerich apporte d'intéréssants éclairages sur l'univers que construit Valerio Evangelisti autour de Nicolas Eymerich. En effet, certains des romans du cycle d'Eymerich, comme "Les chaînes d'Eymerich", seraient apparemment, pour leur adaptation française, construits à partir de nouvelles publiées uniquement en italien. Ainsi ce recueil qui se présente comme une succession de quatre nouvelles en principe indépendantes, n'est pas loin de former un petit roman de par sa construction et son enchaînement logique qui rappelle fortement celui des romans du cycle. Il s'en faudrait en fait de bien peu, moyennant une redistribution des chapitres des quatre nouvelles. D'ailleurs, la première nouvelle intitulée "Venom", la seule du recueil dans laquelle intervient explicitement Nicolas Eymerich, reprend le parallèle entre les évènements situés au moyen âge et ceux d'un futur proche présenté comme l'aboutissement d'une logique historique implacable. Comme le dit le personnage de Wagner, le problème n'est pas de savoir "comment" tout a commencé, mais "quand". Les trois nouvelles suivantes, "Pantera", "Sepultura", et "Metallica" sont elles aussi situées dans l'univers futur particulièrement angoissant déjà décrit dans "Venom" et dans les romans. Quelle que soit la forme littéraire sous laquelle considérer "Métal hurlant", on ne ressort jamais indemne de sa lecture, tout comme pour ses romans, tant la vision du futur dépeinte par Valerio Evangelisti est porteuse d'angoisses bien présentes. Ce recueil se conclue par une brève "Vie de Nicolas Eymerich", qui est l'occasion pour l'auteur d'insérer ses différents romans dans une chronologie qui semblait faire défaut au cycle d'Eymerich.(A)
Quatre nouvelles, dont la première seulement met en scène Nicolas Eymerich, quatre nouvelles dont le point commun est l'horreur, une horreur absolue, presque complaisante, à la limite de l'insoutenable, dans laquelle se mêlent des relents de magie noire, de peurs ancestrales, de monstres à la Lovecraft. La troisième (Sepultura) est la plus originale à cause de son idée de base, que Dante n'aurait pas reniée... mais toutes laissent le lecteur exsangue et abasourdi par tant de violence, tant physique que mentale. Sans doute un livre à ne pas mettre entre toutes les mains, tant il est déstabilisant, tant il est difficile d'imaginer vision plus noire et plus atroce de l'humanité dont la face cachée fait frémir ! (H)

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Cherudek    (Rivages Fantasy)

Le temps, dans le monde d Eymerich, se chevauche, se met sens dessus dessous, échappe aux calculs, bouscule et chahute impitoyablement le lecteur qui sort de ces quelque 400 pages complètement groggy ! Voilà un livre tout à la fois curieux, touffu, compliqué et en même temps tout à fait envoûtant. Fort différent des précédents, plus riche, plus dense, plus achevé aussi, peut-être moins passionnant, et encore, mais beaucoup plus profond et inquiétant. C'est un kaléidoscope de symbolisme religieux du Moyen-âge, d'hérésies, de monstres, inspirés de Huysmans (celui de "Là-bas") ou de Lovecraft, d'une construction parfaite, dont la rigueur est stupéfiante (jusqu'au bout, on se demande comment l'auteur va se sortir d'une trame aussi complexe).. On y ressent un plaisir presque ambigu, surtout à cause de la figure atroce de Nicolas Eymerich qui ne parvient pas à être antipathique et dont on suit avec complicité et complaisance l'extraordinaire voyage dans le temps et l'espace. Une oeuvre énorme et inclassable qui laisse pantois et perplexe tout à la fois.

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Nicolas Eymerich inquisiteur    (Rivages Fantasy)

Attention, ce livre est dangereux ! Si vous le lisez dans le train, vous vous retrouverez au dépôt, si c'est dans le métro, vous manquerez votre station, et si c'est en vous couchant, vous ne vous endormirez que quand vous l'aurez fini ! Toutefois, il faut impérativement le lire : voilà une histoire remarquablement menée, avec deux courants parallèles qui se rejoignent (la distorsion du temps autorise cette antinomie). On y trouve à la fois des idées géniales, très clairement exposées, une association étrange entre des moeurs moyenâgeuses et une technologie d'avant garde, basée sur un concept aussi étonnant que séduisant et en plus, c'est écrit sur un rythme soutenu, qui tient en haleine tout du long. Une ou deux " facilités ", mais qui passent bien, une étude de moeurs digne d'un historien, un intérêt constant, une construction rigoureuse, un remarquable bouquin qui fait immédiatement acheter le suivant...

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Les chaînes d'Eymerich    (Rivages Fantasy)

On prend les mêmes et on recommence : c'est-à-dire qu'on prend la même idée de base, la même construction en parallèle, on réactualise les événements avec des faits récents, et c'est reparti pour un second volume. Hélas, la similitude est telle, qu'il n'y a plus d'effet de surprise et qu'on a la désagréable impression de relire la même histoire. Par contre, l'auteur insiste sur le côté glauque de l'atmosphère, décrit minutieusement des scènes horribles avec un luxe de détails et de précisions qui transforment le lecteur en voyeur sordide et complaisant : " ... cependant, en lui avait mûri un certain dégoût, non tant pour les spectacles auxquels il assistait que pour l'excitation qu'au fond, ils lui procuraient... " pour citer une réflexion du héros. Nicolas Eymerich, inquisiteur, est un livre remarquable, cette suite n'en est qu'une lugubre parodie pimentée de sang et de monstres. Commercial ? En tous cas, mauvaise exploitation d'un succès.

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Le corps et le sang d'Eymerich    (Rivages Fantasy)

Ce livre fait froid dans le dos, mais quel talent ! Jonglant habilement entre un passé moyenâgeux, des événements récents, et un futur horrifique, Evangelisti réussit le tour de force d'obliger le lecteur à basculer sans arrêt d'une époque à une autre, avec à chaque fois une rupture apparente et un parallélisme troublant, tout en ménageant une remarquable construction de récit. Il n'y a aucun personnage sympathique dans cette histoire, rien que des monstres à l'intelligence malfaisante et glacée, pas plus dans le passé que dans le présent. Malgré l'horreur (suggérée, plus que montrée, dans les pensées plus encore que dans les actes), on ne peut décrocher de ce récit, avide de voir ces parallèles (dans le temps) enfin se rencontrer. Le lecteur a tout loisir d'interpréter la conclusion, en la considérant comme une sinistre allégorie, ou comme une épouvantable réalité plausible. C'est très bien fait, sobre et efficace à souhait, inquiétant et captivant tout à la fois, passant avec autant de réalisme de la vie rurale sous l'Inquisition aux tractations secrètes de barbouzes actuelles. Il y a du Malaparte chez cet écrivain...

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