Passerelles pour l'infini (Livre de poche)
L'idée de départ, la mise en contact soudaine de mondes aux cultures différentes, bien que pas franchement original, est plutôt prometteuse, mais John Barnes a choisi de la traiter d'une façon vraiment trop minimaliste, par le "petit bout de la lorgnette", en ne suivant qu'un seul personnage, là où il aurait été sans doute intéréssant de faire une grande fresque, mêlant des points de vue différents. Au final, ce récit présente pas mal de similitudes avec "La Voie Terrestre" de Robert Reed, mais avec une ampleur encore moindre. Il s'agit donc d'un petit roman, que l'on lit vite, sans réel déplaisir, mais qui ne laissera pas beaucoup de traces dans la mémoire...
La mère des tempêtes (Ailleurs et demain)
Voilà un livre exceptionnel, tant par son sujet que par sa composition : pendant les premières pages, les personnages se mettent en place lors de courts chapitres. Ils évoluent ensuite sur des orbites concentriques sans interférer ni se rencontrer, tous convergeant vers un but que bon nombre ignore encore, tous avec des motivations différentes et souvent n'ayant aucun rapport entre elles. Et puis le rythme s'accélère, des rencontres (des chocs ?) interviennent, on distingue une trame, une ligne d'action, de plus en plus précise. Des chapitres hautement futuristes, à la technologie et aux concepts avancés (un peu utopistes parce que 2028, ce n'est pas loin) voisinent avec d'autres tout à fait actuels, le tout en parfaite harmonie. Il faut attendre les dernières pages pour raccrocher tous les maillons et encore plus apprécier le talent de l'auteur et la rigueur de conception de ce somptueux " édifice " littéraire. Ouvrage remarquable, fourmillant d'idées audacieuses, un peu cru parfois, mais sans voyeurisme, ouvrant des perspectives séduisantes et que l'on ne risque pas d'oublier sitôt la dernière page tournée. (A titre d'anecdote, lu aux environs du 26 décembre 1999, période des grandes tempêtes dévastatrices sur la France.)